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  • Le pont Mirabeau

     

    Sous le pont Mirabeau coule la Seine

    Et nos amours

    Faut-il qu'il m'en souvienne

    La joie venait toujours après la peine

     

    Vienne la nuit sonne l'heure

    Les jours s'en vont je demeure

     

    Les mains dans les mains restons face à face

    Tandis que sous

    Le pont de nos bras passe

    Des éternels regards l'onde si lasse

     

    Vienne la nuit sonne l'heure

    Les jours s'en vont je demeure

     

    L'amour s'en va comme cette eau courante

    L'amour s'en va

    Comme la vie est lente

    Et comme l'Espérance est violente

     

    Vienne la nuit sonne l'heure

    Les jours s'en vont je demeure

     

    Passent les heures et passent les semaines

    Ni temps passé

    Ni les amours reviennent

    Sous le pont Mirabeau coule la Seine

     

    Vienne la nuit sonne l'heure

    Les jours s'en vont je demeure.

                                   Guillaume Apollinaire

     

    Bifurcation

     

    je ne veux pas te quitter

    mon sourire est attaché à ton corps

    et le baiser de l'algue à la pierre

    à l'intérieur de mon âge je  porte un enfant gai et bruyant

    il n'y a que toi qui saches le faire sortir du coquillage

    comme l'escargot avec de fines voix

     

    parmi l'herbe il y a

    les mains fraîches des fleurs qui se tendent vers moi

    mais il n'y a que ta voix qui soit fine

    comme ta main est fine comme le soir est impalpable

    comme le repos

                                    Tristan Tzara

     

    Tournesol

     

    La voyageuse qui traversa les Halles à la tombée de l'été

    Marchait sur la pointe des pieds

    Le désespoir roulait au ciel ses grands arums si beaux

    Et dans le sac à main il y avait mon rêve ce flacon de Sels

    Que seule a respirés la marraine de Dieu

    Les torpeurs se déployaient comme la buée

    Au chien qui fume

    Où venaient d'entrer le pour et le contre

    La jeune femme ne pouvait être vue d'eux que mal et de biais

    Avais-je affaire à l'ambassadrice du salpêtre

    Ou de la courbe blanche sur fond noir que nous appelons pensée

    Le bal des innocents battait son plein

    Les lampions prenaient feu lentement dans les marronniers

    La dame sans ombre s'agenouilla sur le Pont au Change

    Rue Gît-le-Coeur les timbres n'étaient plus les mêmes

    Les promesses des nuits étaient enfin tenues

    Les pigeons voyageurs les baisers de secours

    Se joignaient aux seins de la belle inconnue (...)

                                         André Breton

     

    La terre est bleue comme une orange

    Jamais une erreur les mots ne mentent pas

    Ils ne vous donnent plus à chanter

    Au tour des baisers de s'entendre

    Les fous et les amours

    Elle sa bouche d'alliance

    Tous les secrets tous les sourires

    Et quels vêtements d'indulgence

    A la croire toute nue.

     

    Les guêpes fleurissent vert

    L'aube se passe autour du cou

    Un collier de fenêtres

    Des ailes couvrent les feuilles

    Tu as toutes les joies solaires

    Tout le soleil sur la terre

    Sur les chemins de ta beauté.

                                      Paul Eluard

     


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  • Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,

    Assise auprès du feu, dévidant et filant,

    Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :

    "Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle !"

     

    Lors, vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,

    Déjà sous le labeur à demi sommeillant,

    Qui au bruit de Ronsard ne s'aille réveillant,

    Bénissant votre nom de louange immortelle.

     

    Je serai sous la terre, et, fantôme sans os,

    Par les ombres myrteux je prendrai mon repos :

    Vous serez au foyer une vieille accroupie,

     

    Regrettant mon amour et votre fier dédain.

    Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :

    Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.

                                                  Ronsard,  Sonnets pour Hélène (1578)

     

    si tu t'imagines

    si tu t'imagines

    fillette fillette

    si tu t'imagines

    xa va xa va xa

    va durer toujours

    la saison des za

    saison des za

    saison des amours

    ce que tu te goures

    fillette fillette

    ce que tu te goures

    si tu crois petite

    tu crois ah ah

    que ton teint de rose

    ta taille de guêpe

    tes mignons biceps

    tes ongles d'émail

    ta cuisse de nymphe

    et ton pied léger

    si tu crois petite

    xa va xa va xa

    va durer toujours

    ce que tu te goures

    fillette fillette

    ce que tu te goures

    les beaux jours s'en vont

    les beaux jours de fête

    solseils et planètes

    tournent tous en rond

    mais toi ma petite

    tu marches tout droit

    vers sque tu vois pas

    très sournois s'approchent

    la ride véloce

    la pesante graisse

    le menton triplé

    le muscle avachi

    allons cueille cueille

    les roses les roses

    roses de la vie

    et que leurs pétales

    soient la mer étale

    de tous les bonheurs

    allons cueille cueille

    si tu le fais pas

    ce que tu te goures

    fillette fillette

    ce que tu te goures.

                         Raymond Queneau (20 e siècle)

     

     

     

     


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  • Quand mes mains portaient cet énorme fardeau

    Je n'avais qu'une envie, le jeter.

    J'ai été irrité d'une méchanceté

    Que je ne pus contrôler sous ce feu si chaud.

     

    Je marchais en rêvant, la tête dans ce grand seau,

    Qu'il y avait plein de bonne chose à manger,

    Des légumes juteux et des fruits à croquer,

    Que mes pieds ne purent suivre la route de Saint-Jo.

     

    Je regardais le ravin

    Quand, tout à coup, un vertige me prit.

    Je pensais que c'était la fin

     

    Mais mon corps s'est vite repris

    Je veux juste avoir une réponse à ma question :

    Pourquoi cette horible punition ?

                                            Aurélie Mangra

     

    Le monde est si cruel

    L'injustice y règne

    Personne ne peut porter ma peine

    Pourquoi tant de duels ?

     

    Je veux que cela cesse

    Il vaut mieux mourir

    Au lieu de souffrir

    Je ne ressens que la tristesse

     

    Je veux effacer ce sentiment

    J'ai de la haine dans mon coeur

    C'est si effrayant et si troublant

     

    J'aimerais avancer mais j'ai peur

    Je n'ai aucune chance

    Face à cette puissance

                               Marie-Stéphanie Hoarau

     

    Sous l'ombre de cette petite résidence,

    Se cache la lumière de mon coeur,

    Des dents de grande sagesse qui subissent mes pleurs,

    Un foyer, une maison, la raison même de mon existence.

     

    Je vois des fissures sur cette face,

    Un chapeau aux couleurs sombre de la mort,

    Une bouche ouverte, à raison et à tort,

    Les yeux qui tantôt brillent, tantôt s'effacent.

     

    Allons, soyons curieux et découvrons l'autre côté,

    N'ayons pas peur, imaginons...

    Un peu de courage, et c'en est assez.

     

    C'est une place ni trop loin, ni trop près de moi,

    Un endroit si maternel et si familier,

    Qu'aucune personne sur cette terre ne devrait en être privé.

                                                     Estelle Foudrain

     

    La sonnerie retentit,

    Tous se précipitent à la sortie;

    Arrivés sur la rive,

    De leur sac et de leurs vêtements, ils se délivrent.

     

    L'un après l'autre, ils plongent,

    Et oublient tous leurs mensonges.

    Chacun, émerveillé,

    Regarde les bateaux s'en aller.

     

    Un seul, inquiet,

    Reste au bord,

    De peur d'y aller.

     

    Les autres l'appellent mais lui, reste bouche bée.

    Il se fond dans le décor

    Et attend impatiemment l'aurore.

                                      Anne-Laure Dufour

     

    Le penseur

     

    Seul dans ma vie, seul dans ma tête, je pense

    Qu'est-ce que la vie, la mort ? Je tâtonne

    Qui le sait ? Qui peut me répondre ? Personne

    Joies, peines, saisons rythmées comme une danse

     

    Une danse incessante beaucoup trop atone

    Le temps passe sans que des paroles résonnent

    Nous laissant qu'Espérance et connaissance

     

    Nos peuples meurtris par le temps, la vie

    N'en ont que faire des plus belles beautés

    Ne voulant que le respect des esprits

     

    Se tournant vers vérité et bonté

    Oubliant toutes les humiliations

    Notre guérison est notre passion.

                                               Elodie Boyer


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  • Saudade

     

    On a toujours comparé les arbres à la sagesse

    Peut-être est-ce parce qu'ils content des histoires magiques ?

    Par exemple, regardez ceux du Mozambique

    Déracinés, ils paraissent d'une si grande faiblesse !

     

    Pourtant les enfants sur eux s'abaissent

    Et s'y accrochent comme à un rêve idyllique

    Alors, ils affichent des sourires angéliques

    Comme si les arbres leurs faisaient de belles promesses

     

    Cet arbre tombera en poussière d'une minute à l'autre

    Mais les enfants, usqu'au bout, lui tiendront compagnie

    Parce qu'ils savent qu'il est le leur, le nôtre

     

    Les arbres peuvent raconter des histoires à l'infini

    Mais pensez-vous qu'ils savent apprendre aux gens de tout âge

    Ce que veut dire le mot saudade ?

                                         Sophie Taffet

     

    Il vient d'être frappé

    Même son coeur est meurtri

    Il n'a plus goût à la vie

    Il n'arrive même plus à pleurer

     

    Il est là à espérer

    Mais ses membres sont endoloris

    Il croit bien que c'est fini

    Il sent son âme le quitter

     

    La vie n'est qu'injustice profonde

    Il préfère donc partir

    Pour quitter ce bas monde

     

    Il ne veut plus jamais revenir

    Il regarde vers le ciel

    Pour lui, la vie n'est plus belle.

                                 Emeline Sampoil

     

    Espérance

     

    Seul dans cette barque

    En plein milieu de l'océan

    Je redevenais enfant

    Sans la moindre marque

     

    J'étais là

    Sans savoir où j'allais

    Je ne savais pas ce que je deviendrais

    Mais ma vie continua

     

    J'attendais un signe

    Qui pourrais me redonner espoir

    Mais où était ce signe ?

     

    Pour moi ce fut un devoir

    De parcourir tout ces chemins

    Pour retracer les lignes de ma main.

                                             Mélodie Poïnambalom

     

    Un regard

     

    Un homme sur une barque, avec un regard

    Un regard lointain, cherchant un autre regard

    Au milieu de la mer, le regard au large

    Un regard plein d'espoir.

     

    A l'horizon, sur les côtes, au milieu de l'océan,

    Un homme, sur une barque espérant unn miracle.

    Il lance au loin un appel au secours

    Assis sur sa barque espérant un endroit meilleur.

     

    Peut'être en cavale, en fuite, du courage il a

    Combien, combien de temps il est là sur sa barque

    Avec un regard de pitié, de souffrance

     

    Imaginant la vengeance

    Un homme las, fatigué, sur une barque

    Trouvera-t-il sur sa barque, un regard, une lueur d'espoir?

                                           Coralie Boyer

     

    Bobino l'invisible

     

    Il s'appelle Bobino,

    Il vit là-bas en Afrique

    Dans une forêt magnifique

    Parmi les lionceaux.

     

    Ce matin, il fait beau,

    Sur la frontière du Mozambique.

    Un pays magique

    Dont le chef est Bobino.

     

    On ne le voit presque plus,

    Avec sa corbeille sur la tête,

    ça fait longtemps qu'il n'est pas venu.

     

    Les gens, par les fenêtres,

    Regardaient Bobino passer,

    Avec un air amusé.

                                Stéphanie Hoarau


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